Des représentants des professions judiciaires et juridiques en Europe se sont réunis à Bruxelles le 2 décembre 2022 pour le Forum européen des professions juridiques afin d’analyser pourquoi il devient de plus en plus difficile d’attirer les jeunes vers une carrière en droit et de discuter des moyens de résoudre le problème.
Prof. Dr. Matthias Kilian de l’Institut Soldan à l’University of Cologne a présenté la situation en Allemagne comme un précurseur pour le reste de l’Europe.
« En raison du déclin à long terme de la population de l’UE, il ne suffit pas de maintenir l’attractivité des professions juridiques – pour maintenir le statu quo, les professions juridiques doivent attirer un pourcentage plus élevé de ceux qui entrent dans la vie active. »
Il a expliqué comment l’augmentation de la proportion de jeunes quittant l’école obtenant des diplômes universitaires avait entraîné un pic du nombre de nouveaux avocats au tournant du millénaire, et que ce nombre n’avait cessé de diminuer depuis lors. Les changements démographiques majeurs, notamment le nombre beaucoup plus élevé de femmes entrant dans le droit, signifient que les attentes professionnelles de la génération Y sont très différentes de celles des baby-boomers qui dominent encore les postes de direction, mais qui prendront bientôt leur retraite. Il a fait valoir que les professions judiciaires et juridiques doivent réformer leurs modèles de carrière pour être plus attrayants pour les futures générations de praticiens.
Son Honneur la juge Anuja Dhir KC de la Cour pénale centrale de Londres a parlé de sa propre expérience des préjugés en tant que jeune avocate d’origine indienne au Royaume-Uni et a présenté le travail de la Commission des nominations judiciaires visant à accroître la diversité dans le recrutement à la magistrature.
Giulia Guagliardi, président sortant de la European Young Bar Association et avocat en exercice à Rome, a démontré comment l’image des avocats dans la culture populaire a été endommagée ces dernières années et a appelé les professions juridiques à travailler ensemble pour améliorer leur réputation en tant que profession honorable.
Le juge autrichien Georg Stawa, ancien président de la Commission Council of Europe pour l’efficacité de la justice, a parlé de la nécessité pour les juges et les avocats de faire davantage pour rendre leur travail compréhensible et accessible au grand public.
Christian Lemke, vice-président de la Bundesrechtsanwaltskammer (Association fédérale allemande du barreau), a décrit l’impact de la LegalTech sur les attentes du public vis-à-vis du système judiciaire et sur les compétences requises des futurs avocats. Il a mis au défi les professions juridiques d’adopter plutôt que de résister aux développements technologiques.
Damijan Florjančič, président de la Cour suprême de la République de Slovénie, a souligné l’importance de la formation initiale. Les juges, en plus d’être un juge national, sont également des juges européens, ils doivent donc appliquer le droit de l’UE, si nécessaire, poser des questions préjudicielles à la CJUE. L’importance de cet aspect paneuropéen et des procédures transfrontalières – tant civiles que pénales – exige que les juges maîtrisent également les langues étrangères. Le traitement des juges et la procédure de nomination sont les principales lacunes en Slovénie. L’implication des pouvoirs législatifs dans la nomination fait l’objet de débats constants depuis des décennies. L’influence politique diminue également l’attractivité de la profession judiciaire. Enfin, le président Florjančič a également mentionné le problème du déséquilibre entre les sexes, qui diffère en fonction du niveau de la Cour.
Patrick Gielen, huissier de justice bruxellois, secrétaire de l’Union internationale des huissiers de justice (UIHJ – UNION INTERNATIONALE DES HUISSIERS DE JUSTICE ) a commencé sa courte présentation sur le système belge en soulevant la question du vieillissement (la moyenne est de 62 ans). Il a mentionné que le rôle des huissiers de justice et des huissiers de justice n’est pas assez bien connu de la société, il y a une assez mauvaise image présentée par les médias. En Belgique, il n’y a que peu de possibilités de formation, mais dans certains pays, la situation est encore pire, il y a un manque total de formation.
Alix Frank-Thomasser le président du comité CCBE de responsabilité sociale des entreprises a présenté le système autrichien de formation initiale et les compétences techniques essentielles des avocats. Elle a élaboré les compétences générales que les avocats doivent maîtriser pour devenir des avocats prospères et mobiles. La pandémie de Covid a attiré davantage l’attention sur l’importance de moderniser l’environnement de travail dans les cabinets d’avocats. Elle a donné des précisions sur les stéréotypes sexistes et la question du déséquilibre entre les sexes (à l’égard des hommes ou des femmes).
En fin d’après-midi, le Forum s’est conclu par des remarques très intéressantes de la part des représentants.
Le Forum européen des professions juridiques vise à fournir un dialogue structuré entre les professions juridiques en Europe, où les défis et les préoccupations communs peuvent être abordés et analysés.
Animé par l’Académie de droit européen, il réunit le European Network of Councils for the Judiciary (RECJ), le Conseil des barreaux européens (CCBE ), l’Association européenne des magistrats (EAJ), l’Association européenne des juges administratifs (AEAJ), l’ACA-Europe, le Réseau des présidents des Cours suprêmes judiciaires de l’UE, l’Union européenne des huissiers de justice (UEHJ) et l’Union européenne des Rechtspfleger (EUR).